Dans les films

Dans les films personne ne regarde jamais la télé,
Les gens sont beaux, ils s'aiment d'amour ou d'amitié.
Sur l'écran la vie parfaite défile pleine de sens, d'utilité.
Ici la solitude, les interrogations, les doutes, le silence,
Là-bas les rires, les larmes, l'action, la présence.
La réalité est dure, changeante, gai, triste, elle balance.
Je voudrais savoir où je vais, être sûre de faire les bons choix,
J'aimerais me sentir à ma place, avoir confiance en moi.
Je vous envie vous que j'imagine pleins de confiance en soi.
Vous qui avez des amis qui vous appellent et veulent vous voir,
Des envies de dîners, de sorties, de la légèreté plein le miroir.
Je me sens pesante, pas drôle, différente et trop noire.
Pourtant depuis toujours les autres me disent ma chance,
Vue du dehors ma vie ne manque de rien sauf de romance...
Mais dedans toujours la colère, la tristesse, l'errance
Font de mon quotidien une lutte pour avoir envie de quelque chose
N'importe quoi pourvu qu'une étincelle dissipe tout ce morose.
Envie d'une tarte aux pommes, envie de sentir l'odeur d'une rose,
Envie de soleil, envie de sortir, envie de me sentir en vie...
C'est dur pour moi de ne pas céder à la déprime, d'être ravie.
Chaque jour il faut choisir de voir le beau, éviter de se sentir salie.
Avancer quoi qu'il en coute, trouver la force d'arriver à savourer :
Voir la beauté du monde qui m'entoure et essayer de l'apprécier,
Goûter la chance d'être en vie sans laisser la peur me submerger.
Pleurer, oui, mais pas pour trop longtemps, reprendre le dessus.
Faire la liste de mes réussites, de mes qualités c'est un bon début!
Puis imaginer ce que, dans un monde idéal, j'aurais voulu...
Fait d’hiver…

Fait d’hiver…

Elle a quinze ans, lui dix de plus. Au restaurant de la station de ski, il l’invite, elle veut faire la grande, elle boit une bière. Elle choisit celle avec le plus d’alcool, elle veut lui montrer qu’elle n’est pas une merdeuse. Elle en prend une autre. Après le restau, dans la voiture, elle sent qu’elle est bizarre, sa tête tourne, elle ne dit rien. Il conduit la voiture. Ils arrivent sur un parking un peu à l’extérieur de la station. Personne autour. Il s’arrête. L’homme est sur le siège conducteur, elle sur le siège passager. Il l’embrasse. Ensuite, elle se laisse faire, elle ne veut pas avoir l’air timorée et puis l’alcool lui a enlevé une partie de sa volonté : elle ne sait pas trop ce qui se passe. 15 ans viol silence ignorance.

Pendant ce temps, lui la caresse : d’abord le visage, puis les seins, puis sa main descend. Elle ne sait pas trop comment mais d’un coup elle se rend compte qu’elle n’a plus son pantalon. Ensuite, Il vient sur elle et elle a mal quand il cherche à la pénétrer alors elle crie. Il continue et elle crie encore, elle a mal mais elle ne le repousse pas, elle se sent toute molle. La douleur entre ses jambes est là, mais elle ne sait pas trop où elle est, ce qu’il se passe, où est son corps, ce qu’elle doit faire. Alors elle ne fait rien, elle ne fait que crier. Il arrête, se remet sur le siège conducteur, lui jette son pantalon au visage et lui dit brusquement : « Rhabille-toi, je ne veux pas que ça ressemble à un viol! » Elle se rhabille.

Il conduit pour la ramener chez elle. Elle rentre dans le chalet où tout le monde dort, sa mère, sa sœur, son beau-père. Cette fille de 15 ans se sent sale, elle se douche. Elle s’assoit dans la baignoire et laisse l’eau couler longtemps sur son corps. Elle finit par aller se coucher. Le lendemain, il passe la voir, il lui demande si ça va. Elle lui parle à peine. Il s’en va. Elle ne le reverra jamais. 15 ans viol silence ignorance.

Elle se douchera plusieurs fois ce jour-là. Des années après, elle se rend compte qu’il l’a violé, qu’elle est victime, qu’il est coupable. Elle n’a jamais porté plainte. Elle n’en a jamais parlé à sa mère, à son beau-père, à sa sœur. Personne ne sait. L’adolescente ne s’est même pas rendue compte qu’elle venait de se faire agresser, de se faire sexuellement agressée. A 15 ans, elle ne s’est même pas rendue compte que c’est lui le coupable et qu’elle n’a rien fait de mal. Elle ne s’est même pas rendu compte que c’est lui qui est sale, lui est devrait payer, lui qui a abusé d’une gamine et qui l’a violentée. Elle ne s’est pas rendue compte. 15 ans viol silence ignorance.

Personne ne lui avait jamais expliqué que son corps était à protéger, qu’elle devait se protéger, que se faire toucher ça n’est pas un moyen d’être cool, qu’elle n’a rien à prouver à personne, qu’elle n’a rien à subir, rien à accepter, rien à supporter pour être acceptée comme elle est. Personne ne lui a jamais expliqué qu’elle mérite le respect, la douceur, qu’elle mérite d’être aimée pour ce qu’elle est, comme elle est, que qui elle c’est comme ça et c’est bien, qu’elle n’a pas à subir des agressions pour être cool, pour être normale, pour être aimée. Finalement, elle a été violée et elle ne s’en est même pas rendue compte…

Doute et doute et ratatam

Doute et doute et ratatam

Pas assez ceci, trop cela : il faut changer tout ça!
Douter de tout, douter de moi, un enfer quoi!
Besoin de reconnaissance, n'entendre que le silence,
Envie de tout, de trop, faire un peu, manque de sens...
Le temps passe, peur de le perdre, vouloir trouver sa place,
Infinité des possibilités, pourtant, impression d'impasse...
Peur, peur, peur tout le temps, trop d'angoisses!
Colère, révolte, refus de rester dans la poisse!
Envie d'amour, de complicité, mais manque de capacités...
Envie de bon, de bien, de doux mais grande vivacité!
Alors bric et broc, tic et toc, bim et blam,
Évolution chaotique, chutes, blessures de l'âme.
Mais force et courage, toujours avancer dans ce ramdam!
Oui je doute, oui je tombe, oui je pleure, et alors?
Être humain avant tout, imparfait oui, mais encore?
Encore envie, encore en vie, oui! Pas encore mort!
Donc? Continuer! Chercher! Respirer! Sourire! Jouir!
Explorer, apprendre, étudier, comprendre, ne jamais finir!
Toujours vouloir plus, mieux, évoluer et arrêter de se punir!
C'est vrai quoi bordel de merde! Si je ne suis pas sympa avec moi
Qui le sera? Qui sinon moi pour me tenir par le bras?
Qui sinon moi pour me soutenir, m'offrir un peu de joie?
Et si je devenais mon meilleur allié?!
Défendons la science! Oui à la vérité! Non à l’opinion!

Défendons la science! Oui à la vérité! Non à l’opinion!

Science vérité opinion expliquer le monde. Comment parler ensemble sans un socle commun? Comment se comprendre sans une base commune de réflexion? Quelle est cette base commune? Partons du principe que ce qui nous semble évident est la base de notre réflexion. Si pour moi il est évident que la science est la meilleure approche pour comprendre le fonctionnement de la nature alors il sera évident pour moi de faire confiance aux scientifiques, par exemple. Partageons-nous tous cette évidence?

Apparemment pas, et particulièrement pas en France. Dans son billet du 07/10/2021 intitulé ‘Pourquoi la confiance dans nos scientifiques s’est érodée d’une façon historique?’, Quentin Lafay (émission La transition) fait référence à un sondage. Celui-ci montre que la confiance des français dans les scientifiques est passée de 90 à 70% depuis le début de cette pandémie de SARS-COV2. Si notre confiance en la science diminue, vers quoi nous tournons-nous pour nous expliquer le monde? Qui remet en question en permanence son travail pour avancer vers plus de vérité? Qui sinon les scientifiques?

Sommes-nous définitivement passé à l’air de l’opinion? Une personne connaissant ou non un sujet est-elle tout aussi légitime à discourir et à être écoutée qu’un expert? Est-ce que désormais une personne, même scientifique, peut renier tout ce sur quoi repose son domaine, la science, pour simplement quelques heures de reconnaissance? Il semble bien que oui, et c’est non seulement triste, mais c’est également laid et inquiétant. Science vérité opinion expliquer le monde.

Triste parce que cela signifie que la réflexion a perdu la bataille au profit de l’instant. ‘Prendre le temps de comprendre’ est écarté au profit de ‘dire ce qui semble, sans égard pour ce qui est’. La vérité n’a plus de valeur. Son existence même est remise en question. Il y a autant de gens qui font confiance à un produit issu d’un travail acharné que de gens qui s’en méfient. Qu’est-ce que la vérité quand toutes les opinions se valent? Qu’est-ce que la vérité quand le domaine qui la recherche, la science, est reléguée au statut de simple opinion parmi d’autres? Quelle tristesse que de voir ce beau principe de rationalité, d’argumentation, de confrontation productive être rabaissé au rang de simple passe-temps, voire de tromperie! Oui c’est vraiment triste de voir la science ainsi reniée, bafouée, rabaissée!

Laid parce qu’il n’y a rien de plus beau que d’arriver à comprendre quelque chose qui nous échappait avant et cela demande du temps, de la patience, du travail. Il y a une grande beauté dans le travail de la science qui, avec les limites humaines, cherche malgré tout à comprendre, à explorer, à élucider les mystères de la nature. Qu’allons-nous devenir si nous ne reconnaissons plus cette beauté? Comment faire pour envisager le monde avec émerveillement si nous n’avons que des affirmations sans fondements, des histoires inventées, des propos incohérents qu’il faudrait accepter sans réfléchir? Nous perdons toute possibilité de voir la magie du monde si plus personne ne prend le temps de la découvrir pour ensuite nous l’expliquer. Non vraiment, un monde sans science n’a plus de beauté, n’a plus de magie, n’a plus d’intérêt.

Inquiétant bien sûr car c’est un retour en arrière. Un retour du tout et n’importe quoi au lieu de la réalité telle qu’elle est. Cela est dangereux symboliquement et concrètement. Je peux raconter que les vaccins sont dangereux, seulement la conséquence de cette fable sera la mort de milliers, voire de millions de gens qui seront sans protection face à la polio, la rougeole, la coqueluche ou encore la COVID-19. Je peux raconter qu’il suffit d’avoir confiance dans les défenses naturelles du merveilleux corps humain pour me protéger de tout ce qui pourrait l’agresser mais alors je devrais accepter de voir mon enfant mourir d’une simple fièvre parce que lui administrer un médicament pour faire baisser sa fièvre me sera impossible. Science vérité opinion expliquer le monde.

Oui, l’idée d’une vie humaine sans confiance dans la science est vraiment inquiétante concrètement. Quant à l’inquiétude symbolique que représente l’abandon de la science elle se manifeste dans la perte de repère. Qui va m’expliquer la réalité concrète, matérielle, physique du monde si la science perd son crédit? Qui pourra me rassurer sur le fait que je ne comprends pas tout ce qui m’entoure? Tant que nous avons la science il y a des gens qui sont là pour m’expliquer, si j’en ai besoin, la réalité de la nature. Si nous perdons notre confiance dans la science, qui pourra tenir ce rôle protecteur, rassurant et éclairant? Oui, il est vraiment inquiétant symboliquement et concrètement de dénigrer la science.

La science nous permet-elle tout? Faut-il lui abandonner notre vie? Non, bien sûr! La science ne peut pas me dire comment tomber amoureux. Elle ne m’est d’aucun secours pour forger des amitiés durables. La science ne me donne aucun outils spirituel. Mais elle est fiable dans tellement de domaines! La science c’est avant tout une démarche : prendre connaissances des travaux existants sur un sujet pour ne pas réinventer la roue à chaque début de projet. La méthode scientifique c’est réfléchir de manière rationnelle pour éviter au maximum la recherche biaisée par des émotions, des impressions. La science c’est la possibilité pour chacun de pouvoir arriver au même résultat en prenant les mêmes données de départ. La science c’est une méthode, pas un individu. Ce type de réflexion cadrée est ce qui nous permet la fiabilité de la science. Cela devrait être une évidence!

Alors s’il vous plait, vous qui aimez la raison, vous qui éprouvez le plaisir de la vérité, vous qui appréciez le travail scientifique levez-vous, exprimez-vous, prenez vos armes argumentatives et partez en croisade intellectuelle pour la défense de la science, pour la défense du rationnel, pour la défense de l’argumentation! Arrêtons de laisser passer des fausses informations sans rien dire, arrêtons de penser que ça n’a pas d’importance! Il n’est pas évident que la science nous disant la vérité elle finira bien par convaincre. Nous devons dire notre indignation à chaque fois que nous voyons des propos scientifiquement faux. Nous devons nous révolter contre les niaiseries, contre les opinions qui se veulent toutes puissantes.

La science est réservée, prudente mais elle ne doit pas être muette et sans défense. Il est juste, légitime d’être en colère contre des mensonges. Il est saint, important de refuser le faux et de transmettre le vrai. Non toutes les opinions ne se valent pas, non l’ouverture d’esprit ça n’est pas accepter tout et n’importe quoi! Il parait que le mal gagne si le bien ne fait rien. Il en est de même pour la bêtise, le faux, le mensonge. Si la science, les défenseurs de la vérité se taisent c’est la bêtise, le mensonge qui gagnent! La beauté du combat intellectuel est qu’il est physiquement inoffensif : les mots suffisent et ça, c’est vraiment super beau!

Poème… ou presque, d’amour… ou pas.

Poème… ou presque, d’amour… ou pas.

Comme Montaigne et La Boétie, 'parce que c'était lui, parce que c'était moi', 
je n'ai pas d'autre explication que ça. 
J'accepte le mot amour dans ma tête, dans mon corps, 
Dans mon cœur à côté de ton nom, de ton corps, 
De ton cœur, parce que c'est toi, parce que c'est moi. 
Absolument rien de rationnel dans tout ça, 
Je devrais te trouver puérile, inculte, étranger, 
Je te découvre mature, cultivé, familier. 
J'ai envie de toi, de nos échanges, de nos regards, 
J'aime le moi dans cet étrange fruit du hasard. 
Hier encore sans toi ma vie roulait tranquille, 
Les jours succédaient aux nuits. 
Aujourd'hui je me sens plus vivante que jamais, 
Envie d'écrire, de danser, de chanter, 
De vivre à fond tous les instants qu'encore un temps, 
La vie me permet de partager avec toi, mon amant. 
A chacune de nos rencontres je me dis que c'est celle-ci 
Pendant laquelle, comme je l'avais prédit, 
Je trouverai ce qui chez toi ne me va pas. 
A chaque rencontre tu me surprends 
Et je repars un peu plus accrocs qu'avant. 
J'ai peur et je m'en fou, je veux vivre cet amour à fond, 
Tant qu'il durera, un jour, un mois, un an, une seconde, 
Peu importe, tout vaut le coup ! 
Même un instant ça vaut la peine 
Pour cette sensation en moi 
De me sentir chez moi avec toi. 
C'est dingue je sais et peut-être dans une semaine 
Je ne pourrai plus te supporter mais aujourd'hui j'en suis là, 
J'ai besoin de toi. 
Jamais je n'ai dit cela à personne 
Car jamais je n'ai compris ce que ça voulait dire, 
Cette sensation d'être plus que soi-même 
En présence de l'autre, ce 'je t'aime' 
Si doux et douloureux à la fois 
Que le dire ne dit rien, qu'un tout petit début à peine. 
Je t'aime et c'est idiot, je t'aime aujourd'hui et peut-être plus demain, 
je t'aime et j'aime le dire, l'écrire, ça me fait du bien. 
Peut-être que ça n'est rien, que ça va passer, 
Peut-être que je m'emballe, me laisse emporter, 
Par les mots, par les frissons, 
Par ces nouvelles sensations. 
Peut-être que ça n'est pas ça l'amour, je n'en sais rien, 
Pour le moment, je t'aime et c'est tellement bien ! 
J'ai peur de te faire fuir avec mes grands mots 
Alors je vais les garder pour moi encore un peu 
Et te dire simplement qu'on a le temps, 
Le temps pour tout, tranquillement...