par spiralexphilo | 18 Août 2023 | Prose
Lever l’ancre et voguer au hasard des flots. Se laisser porter par les vents, naviguer à contre-courant. Voilà la vie du marin amateur. Celui sur qui le temps n’a pas de prise. Le temps des horloges, comme disait Bergson. Celui des saisons, il vit avec, il vit dedans. Il prend son temps. Il observe le temps. Contraint par les éléments mais jamais par sa montre. Esclave de son bateau mais jamais du bureau. Certains et certaines le voient chanceux, libre. Comment se voit-il lui? Réfléchit-il même à cela : comment il se perçoit? Pas sûr : il est l’heure de lever l’ancre, cela, c’est concret, ça lui parle. Savoir comment il se voit, il n’y pense pas…
par spiralexphilo | 18 Août 2023 | Prose
Je veux ton corps, je veux tes mains, je veux mon corps avec le tien. Je n’en peux plus de te désirer et pourtant rien n’est à changer. Tel que nous sommes c’est tellement bon, un peu refuge, un peu prison. Sécurité, protection, foyer et exclusion de tous les autres, sans hésitation. Les mots me bercent et je les laisse se déverser. Envie de dire ces trucs débiles qui avec toi ne le sont pas. Mon homme, mon amour, mon idylle, toi et moi, tous les deux sur notre île. Face au monde, seuls contre tous, nous sommes solides. Face à tous, leur autre monde, de toi et moi nous sommes avides. Tu n’es pas là et je soupire, mon corps te veux, je te désire. Plus aujourd’hui, plus ici, plus à présent et pour tout l’temps? Je ne sais pas et je m’en fous, ce que je sais, c’est maintenant. Et aujourd’hui, je te veux toi, je te veux tout, je te veux, oui… Quelques jours seulement nous séparent de notre point de départ. En quelques jours rien n’est calmé, ni mes envies, ni mes envolées. Je te parle, tu m’écoutes, tu m’embrasses et je te goûte. C’est tout mon être qui ce matin est dans ma tête avec le tien. J’ai envie de toi à en crever, je me tortille et je soupire, quelle volupté! Quand enfin je sentirai dans mon corps un peu du tien, quand alors je laisserai aller le mien… ça sera bon, ça sera grand, ça sera bien, ça sera puissant, ça sera toi, ça sera moi formant un tout, un agrégat…
Je sais bien que rien ne dure, je sais bien que cette flamme des débuts est vouée à mourir mais tant que c’est là, tant que je peux, je savoure ce rêve doux et heureux : je suis à toi, tu es à moi, rien ni personne ne nous arrêtera. J’ai envie de pleurer dans tes bras, j’ai envie de jouir avec ton corps, j’ai envie de rire, encore et encore. Ah! Si seulement il était possible de garder ces moments, d’éviter le pénible… Mais rien au monde ne m’empêchera de me régaler de la douceur de tes bras. Je m’en fous que tu sois marié, c’est bien que tu sois pris, car avec moi, tout à un prix… Je suis toute femme et pétillante puis je suis flamme et emmerdante. Alors garde ta partenaire de vie mon amour et ne fais rien pour moi car aujourd’hui je suis à toi mais je ne sais pas si cela durera… Je te veux tout, je te veux toi et toi, tu dois te méfier de moi. Donne-moi ton corps, donne-moi ton âme, fais-moi vibrer, fais-moi crier mais n’oublie pas, comme un mirage, d’un coup, je peux m’évaporer!
Chaque parcelle de ma peau te réclame, depuis ce matin, je n’arrive pas à oublier. Mes yeux se ferment, mon corps se tend, je suis avec toi pour un instant. Emporte-moi dans l’autre monde, celui où rien n’est à jeter, celui où tout est à créer. Viens avec moi en corps à corps, dansons ensemble sur nos accords. Je te veux tendre, je te veux dur, je te veux doux, je te veux sûr. Je me sens femme, je me sens belle, je me sens calme, je me sens celle qui avec toi s’envolera vers là où tout est à la fois : tendresse et violence, caresse et cadence, soupir et silence, plaisir et jouissance! Partons ensemble à l’aventure au doux pays de la luxure. Viens avec moi oui je t’emmène là où rien ne nous fera de la peine. Tournons ensemble l’horloge du temps, arrêtons-nous, rien qu’un instant. Hors de ta vie ou de la mienne, offrons-nous de jolies scènes. Des moments forts, des moments doux, des moments rudes, des moments fous. Plus rien ne compte, plus rien n’existe, seuls toi, moi, nos envies, persistent. Nous dessinons à l’encre de nos corps la joie de l’amour sur les draps de nos accords. Bientôt nous nous donnerons l’un à l’autre, bientôt notre tendresse, nos rires, nos regards se mêleront dans le feu de l’amour que nous ferons. Je t’attends et je ne suis pas pressée, je te veux maintenant et je souris de patienter. Merci pour tout, merci pour toi, merci pour ça, je suis dingue de toi!
14 avril 2021, Spiralex
par spiralexphilo | 18 Déc 2022 | Prose
J’ai de la chance dans ma vie : j’ai un toit sur ma tête, je mange à ma faim, j’ai de l’électricité et le tout à l’égout tous les jours à ma disposition. Je peux facilement me déplacer. J’ai accès à de la nourriture dans des magasins proches de chez moi. Je peux facilement conserver et cuisiner ma nourriture. Je peux boire l’eau qui sert à la chasse de mes toilettes. Je fais partie des humains privilégiés, des même pas 10% des êtres humains de ce monde et des même pas 0,1% des vivants de ce monde qui vivent bien tranquillement. Le prix de tout cela, le prix physique de mon confort j’en ai à peine conscience. Je ne réalise pas le travail nécessaire à la fabrication du pain que j’achète, de la chaise, du vêtement, du matériel informatique, hifi, électro-ménager. C’est tellement facile d’accès, cela m’est présenté comme le minimum de base à avoir pour être confortable. J’ai des routes, des bus, des écoles, des universités, des bibliothèques, des théâtres, des hôpitaux à moins d’une heure de chez moi. J’ai des publicités dans la rue, à la radio, à la télévision, sur internet dans les magasines, dans ma boite aux lettres, qui me montrent des êtres humains plastiquement parfaits, retouchés pour ne ressembler à personne, ou à des dieux et déesses grecques peut-être, qui sont associés à des produits, à des services. Alors mon cerveau met un lien de causalité là où il n’y a que concomitance : si j’ai cela alors je serai comme ça. Si j’achète ce produit alors je serai proche de cet état de perfection visuel et émotionnel.
Oui ça fonctionne, la pub ! Les images, les films, les écrans, le divertissement : ça nous montre autre chose que ce que nous vivons, cela nous fait rêver, en bien ou en mal. Nos émotions sont sollicitées à la perfection. C’est beau une pub pour une assurance, ça fait envie une pub pour un voyage, ça a l’air trop cool les pubs pour les voitures et qu’est-ce qu’elles sont belles les femmes des pubs pour les bijoux ou les hommes dans les pubs pour les parfums. Oui c’est beau, ça fait rêver parce que ça n’est pas la réalité. Dans la vraie vie, il faut des matières premières et de l’énergie pour fabriquer absolument tout : une fourchette, une chemise, un tabouret, un ordinateur, une voiture, un camion, un trombone. Ça ferait moins envie si pour nous vendre quelque chose il fallait nous montrer ce qu’il coute physiquement. Il faut extraire ces matières premières et pour cela il faut de l’énergie, pour faire fonctionner les machines qui extraient ces matières. Avant cela il a fallu des matières et de l’énergie pour fabriquer les machines qui extraient les matières et les produits bruts qui seront utilisés pour produire l’énergie, quand ce ne sont pas des esclaves humains, parfois très jeunes, qui sont utilisés pour extraire les métaux. Ça n’est pas sexy, beau, bandant et hyper romantique l’économie dans laquelle nous vivons. C’est dévastateur, immorale, inhumain, c’est tellement horrible que s’y intéresser trois secondes donne juste envie de vomir. Alors on ne regarde pas, on continue à regarder nos écrans, moi comme les autres et on jouit, plus ou moins fort, mais on jouit, on profite, en attendant que la mort arrive tout en l’aidant un peu. On fume, on boit, on conduit des voitures bien rapides et grosses et polluantes, on mange de la viande deux ou trois fois par jour et tout ça en se sentant parfaitement bien avec nous-mêmes. On pratique des sports extrêmes, on admire des aventuriers qui risquent leur vie à l’autre bout du monde, des pilotes qui foncent en voiture ou en moto autour d’un circuit, ces astronautes qui partent dans l’espace, des sportifs qui gagnent des millions, des influenceuses qui nous apprennent la vie et nous disent quoi acheter. C’est beau et terrifiant à la fois.
C’est beau parce que n’avoir envie que de perfection visuelle et d’une vie de confort et de détente ça n’est pas être un parfait connard et c’est déjà bien et rassurant que la majorité d’entre nous n’ait pas envie d’être un parfait connard ou une parfaite connasse. Moi ça me fait du bien en tout cas de voir cela. La majorité d’entre nous sommes des gens sympas. Nous voulons passer du temps avec nos familles, nos amis. Nous aimons rire, lire, chanter, danser, discuter. Nous aimons aimer, faire l’amour et nous amuser. D’ailleurs c’est une bonne chose puisqu’à ma connaissance le consensus scientifique en neuro-science dit que c’est en s’amusant que nous apprenons le mieux : si ce que nous apprenons nous fait envie, nous amuse, si la façon dont nous l’apprenons nous excite, alors nous aurons envie d’en savoir plus et nous retiendrons plus facilement. Et ça c’est vraiment bandant ! C’est ce qu’il y a de plus génial dans une économie qui fonctionne bien : tout le monde est gagnant. Par exemple avec une connaissance, si je la partage alors j’ai toujours cette connaissance et la ou les personnes à qui je l’ai transmise l’ont aussi. C’est différent avec l’économie du commerce avec échange de monnaie ou le troc. Si je te donne de la monnaie en échange d’un objet ou d’un service, je n’ai plus la somme que je te donne et j’ai autre chose en échange. Idem pour le troc. C’est un système où pour avoir quelque chose je dois en abandonner une autre. Ça n’est pas le cas avec la connaissance, je ne dois renoncer à rien et en plus, si j’aime ça, je gagne également au moment de partager cette connaissance le plaisir de la transmission. Le revers de la médaille c’est qu’on peut être super fun, paraître dire des trucs qui tiennent la route et baser ses dires sur rien, dire des mensonges, des bêtises ou pire appeler à la haine et la peur du différent et comme c’est excitant ça marche. Une fausse information se propage beaucoup plus vite qu’une vraie et est beaucoup plus complexe à stopper. Par défaut si je crois qu’il y a un complot ou que je vois la personne qui me parle comme hostile, qu’on me cache des choses, si quelqu’un essaie de me démontrer que j’ai tord, je ne l’écouterai pas. C’est normal, c’est humain, c’est chiant, c’est comme ça.
La connaissance ça demande du temps, de la patience, c’est parfois dure, mais cela apporte une satisfaction qu’une phrase de 150 caractères ne fournira jamais. Aurélien Barrault a récemment appelé à sortir de Tweeter, pour moi c’est facile, je n’ai jamais ouvert de compte Twitter. J’aime écrire, j’aime parler, je suis volubile à l’écrit comme à l’oral. L’idée d’arriver à dire quoi que ce soit qui vaille la peine d’être lu ou partagé en moins de 140 caractères m’a toujours parue totalement saugrenue. Mon demi-siècle fait certainement de moi une vieille personne, incapable de comprendre l’intérêt de partager la photo de son dîner, ses photos de vacances, ou des vidéos de soi en train de parler de… rien sur une plateforme en ligne. C’est l’inconvénient d’avoir un peu de connaissances : cela nous met face à l’immensité de notre ignorance. Comme le dit Etienne Klein dans ‘Le goût du vrai’, pour se savoir ignorant il faut en connaître un peu. Si je ne connais rien d’un sujet, je ne sais même pas que ce sujet existe, je ne sais donc pas que je ne sais rien de ce sujet dont j’ignore l’existence. Je ne peux donc pas savoir que je suis une personne ignorante en la matière. J’ignore que j’ignore, en quelque sorte…
Alors oui je partage sur une plateforme numérique qui appartient à un groupe qui choisit d’investir dans l’irréalité virtuelle tout en dénonçant le monde dévastateur que ce type d’entreprises a mis en place. Amnesty International a annoncé que la responsabilité de Facebook dans l’amplification de la haine contre les Rohingya qui a conduit a des massacres horribles avait été démontrée. Je n’ai donc de leçon a donner à personne et c’est normal. En tant qu’individu, personne ne peut porter la responsabilité ou la charge de modifier à lui seul un système. Quand le problème est systémique, la réponse doit l’être également. Nous pouvons tous et chacun individuellement faire de notre mieux mais si le système mondial d’utilisation à outrance des métaux, des énergies fossiles, la production de masse de nourriture, de vêtements, de moyens de transports, l’extermination du vivant dans son ensemble (végétale et animal), la pollution qu’il engendre qui dévaste l’eau, les océans, l’air, et produit tellement de déchets qu’un continent de plastique vogue sur l’océan, si ce système ne change pas, alors nous nous dirigeons vers un triste avenir.
Cet avenir semble d’ailleurs politiquement et socialement s’orienter vers : allez bien tous vous faire foutre les pauvres, les personnes sans domiciles, les malades, les handicapés, les migrants, les pas comme nous en pensée, en couleur de peau ou en forme de la moustache. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Ah ben ouais ! Ça sent bien la merde quand même quand majoritairement dans le monde les gens se butent pour savoir où est la ligne qui sépare un pays d’un autre, quelle religion est mieux qu’une autre, quelle couleur de peau vaut mieux qu’une autre. Alors que tout ça et bien en fait on s’en bat l’oeil complètement quand l’endroit sur lequel on vit tous va super mal mais vraiment, vraiment, vraiment super mal. On fait une pause sur des trucs sans importance vitale immédiate, physique, genre des lignes imaginaires, des croyances personnelles ou des détails anatomiques et on fait ce qu’on sait très bien faire : on travaille ensemble et on se bouge le cul pour trouver une façon acceptable par la majorité de la planète pour continuer à pouvoir jouir de la beauté d’un ciel avec des oiseaux, de la fraicheur d’un air sain à respirer, du confort d’un lieu de vie en paix.
Guillaume Meurice dit qu’il est très facile de rire de ce qu’Aurélien Barrault appelle la méta-catastrophe actuelle. Il dit en substance : nous nous considérons comme l’espèce la plus intelligente que cette terre ait jamais portée, nous savons depuis 50 ans que nous courons à notre perte et nous continuons à courir, c’est tout à fait risible. Il a raison mais putain qu’est-ce que ça fait chier et qu’est-ce que c’est triste bordel ! Mais comment ça se fait que ça ne nous rend pas collectivement malades qu’en quelques années nous ayons éradiqués 2/3 des insectes, en quelques décennies nous ayons éradiqués les 2/3 des mammifères sauvages, qu’en quelques millénaires nous ayons éradiqués les 2/3 des arbres ! Allez, soyons cyniques, même si on se disait que putain, quelques branches, trois insectes et 2 trucs exotiques de moins, on s’en fout un peu, il y a quand même plusieurs centaines de milliers d’êtres humains qui décèdent chaque année en Europe à cause de la pollution ! C’est proche ça quand même, l’Europe, les êtres humains, tout ça, c’est du ‘à côté’, c’est du ‘comme nous’ bordel ! Non ? Et même ça on s’en fout. C’est dingue ! Notre mode de vie détruit notre monde et nous tue en masse mais nous continuons, tranquilles.
Même l’O.N.U., organisation internationale quand même, dit que l’humain est face à un danger existentiel. C’est pas rien existentiel ! on est d’accord ? Ça veut dire que notre vie à tous est en jeu ! Et il y a quand même encore des personnes pour dire des trucs du style : ouais mais faut pas faire peur au gens, la peur c’est pas motivant. Alors si, en fait, la peur ça motive. Quand il y a des dangers immédiats genre tsunami, tornade, ouragan ou je ne sais quoi, les humains savent très bien s’unir, se mettre d’accord pour agir collectivement. Voir Covid-19 : le monde entier a été d’accord pour tout arrêter d’un coup. Donc prendre des mesures radicales au niveau mondial, c’est possible. Seulement il faut s’y mettre, il faut que quelqu’un commence et que ça se propage, la valeur de l’exemple ça marche aussi, voir droit de vote, droits des femmes, droits des minorités religieuses, ça a progressé dans le monde même si c’est encore bien, bien, bien désastreux à beaucoup d’endroits. Alors pourquoi pas la France ? C’est vraiment après tout ça devrait nous faire collectivement envie une révolution, non ? Un changement radical ? Alors pas dans le sang, sinon c’est pas sympa mais la convention citoyenne a montré que lorsque des gens pris au hasard sont informés sur ce qui est physiquement en train de se passer dans le monde, ils prennent de bonnes décisions pour que collectivement ça ne nous retombent pas trop sur la gueule. Ben oui parce que quand tu chies partout, y a un moment où ça commence à puer vers chez toi aussi. Et ça c’est le climat et la réduction des quantités d’énergie fossiles disponibles. Des limites physiques quoi. Puisque la limite de la pollution des eaux, de l’air et des sols ainsi que la disparition du vivant ne fait bouger personne ben le processus continue. Ça n’a rien de mystique, c’est physique. Lorsque qu’un éco-système est perturbé, c’est tout un processus qui est perturbé. Le processus est d’abord en instabilité, puis il craque. L’instabilité se constate facilement, nous la constatons, la mesurons depuis des décennies, prédire le moment du crash, c’est plus compliqué. Bref, nous avons physiquement moins de pétrole, de gaz, de charbon, de métaux à notre disposition alors qu’on le choisisse ou non on va devoir se calmer et vite.
Donc, c’est la merde mais tout le monde le sait et comme je suis d’un naturel optimiste, je veux croire qu’on va politiquement, économiquement et socialement se sortir les doigts du cul et que ce qui va devenir symboliquement merveilleux ne sera plus le ou la milliardaire avec ses douze villas et ses 200 voitures mais celui ou celle qui a une vie simple, qui sait nourrir son esprit de connaissances et ses sens de beauté. Saisissons cette chance de réapprendre à apprécier la beauté d’un jardin, des fleurs, des feuilles mortes de l’automne, des arbres, des roches, des montagnes, des animaux, l’incroyable dextérité des insectes, la douce mélodie des oiseaux, les bruits de la nature qui dérangent parfois et sont chaotiques, bien sûr, car le chaos c’est la vie. Le chaos au sens d’une production d’un vivant radicalement différent et non la reproduction du même. Le clonage physique ou culturel est pauvre, la diversité nourrit. Et la diversité ça peut heurter, emmerder, puer mais ça peut aussi être magnifiquement surprenant, fantastiquement créatif et nous éblouir, tout simplement et tout magnifiquement complexement (ouais, je sais, complexement ça n’existe pas mais ça devrait la beauté c’est complexement simple, c’est le radicalement surprenant et imprévisible). Pourquoi ne pas découvrir la jouissance de la chaleur du soleil sur notre peau, la sentir physiquement dans l’instant et non en témoigner par une photo pour la postérité. Savourer la sensation du vent ou de la pluie et non immortaliser un moment qui n’est beau qu’en ce qu’il permet de vivre et non par ce qu’un instantané ou une reproduction peut en dire? Et si nous allions à la rencontre, à la découverte bien souvent, de ce qui est à côté au lieu de ne voir de l’intéressant et de l’exotique qu’à l’autre bout du monde ? Il est certain que pour une personne employée dans une banque, une ferme paysanne est très exotique au sens d’une réalité radicalement autre. Il y a du beau là où nous choisissons d’en voir. Il y a de l’agréable là où notre attention se porte. Prenons le temps de voir, de sentir le monde où nous sommes. Et surtout, surtout partageons !
A partir du moment où nous avons tous le minimum, ceux qui ont plus doivent évidemment redonner plus à la communauté. Ça n’est pas la faute de l’aide soignante si son salaire est inférieur à celui d’un trader, ça ne veut pas dire qu’elle ne mérite pas autant que lui un toit sur sa tête, de la nourriture saine, un quotidien confortable. Elle travaille tout autant et peut-être plus que lui, elle est physiquement, pratiquement plus utile à la société que ce dernier et pourtant elle gagne moins que lui. N’est-ce pas bizarre ce monde où les métiers les moins directement utiles sont les plus rémunérateurs ? Est-ce que Monsieur Bernard Arnaud vaut plus de 100 milliards de dollars en tant qu’individu ? Pourquoi ? Est-ce qu’il contribue à titre personnel pour une valeur de 100 milliards ou plus? Comment se fait-il que nous ayons collectivement été d’accords pour laisser se mettre en place un système où un individu peut posséder plus de 100 milliards de dollars ? C’est d’une telle indécence ! Et c’est tellement dangereux ! Et c’est tellement stupide aussi ! Si l’on considère l’argent comme une ressource commune, comme l’eau ou l’air par exemple et que la quantité d’argent disponible est considérée comme un flux physique, c’est totalement stupide de créer des goulots d’étranglement de la quantité de matière disponible, cela favorise une petite minorité au dépend du plus grand nombre. Imaginerions-nous faire cela avec l’eau par exemple ? On laisse 10 personnes dans le monde posséder la moitié de toute l’eau disponible. Ben non ! Ça pique, forcément. Avec l’argent, si, on le fait pas de problème ! On a inventé un truc pratique pour éviter d’avoir à apporter 10 kilos de patates en échange d’un mouton et maintenant on se retrouve à devoir bosser comme des chiens dans un boulot majoritairement pas choisi, mal payé et même s’il est choisi, il est mal payé quand même.
Le salaire médian en France en 2022 est environ de 1900€. La moitié des gens qui travaillent en France gagnent moins de 1900 euros par mois… Ben moins de 2000 balles par mois en 2022 c’est pas l’opulence non plus. Environ 70% des gens en France gagent moins de 2500€ par mois. Et par rapport à plus de 100 milliards c’est super ridicule ! Je ne sais plus exactement à combien de milliards s’élève la fortune de Monsieur Bernard Arnaud et cette information me semble tellement insignifiante que je n’irai pas vérifier. Imaginons qu’il possède 140 milliards d’euros en son nom propre. Il y a environ 25 millions de salariés en France en 2022. Imaginons que tout le monde gagne 2500€ par mois. Faites un rapide calcul et vous verrez que dans cette hypothèse, Monsieur Bernard Arnaud peut payer 25 millions de personnes à 2500€ par mois pendant deux mois entiers et il lui reste encore un peu plus de 10 milliards pour continuer sa route. Bien sûr ça n’est pas tout à fait comme ça que ça se passe puisqu’une grande partie de sa fortune est en actions, mais quand même, symboliquement le calcul reste valable : il peut donner 5000 balles demain matin à 25 millions de personnes et il lui restera encore plus de 10 milliards… C’est fou, non ? Enfin je veux dire si demain matin 25 millions de personnes recevaient 5000€ elles seraient très contentes et il me semble raisonnable de dire que n’importe quel individu normalement constitué peut vivre une vie confortable en possédant plus de 10 milliards d’euros. Personne ne souffre physiquement dans cette hypothèse, je ne souhaite de mal à personne en disant cela. L’intégrité physique de tous les protagonistes de l’histoire reste intacte, on est d’accord? Mais bon cocorico, c’est un français qui est le plus riche du monde parce que Monsieur Elon Musk a décidé d’acheter Twitter 44 milliards de dollars (ou d’euros, je ne sais plus, et puis ce sont des chiffres tellement énormes, plus ou moins quelques milliards, ça ne change pas l’ordre de grandeur) alors maintenant il faut qu’il paie, et oui, il faut sortir la caillasse maintenant Elon !
Alors oui il y a des mots grossiers dans ce texte, oui je ne suis personne et certainement pas un exemple, mais qu’est-ce que ça fait du bien de balancer un peu de ma colère, ma tristesse et mon naïf espoir en mots ! Parce que c’est vraiment le seul impact qu’aura ce petit texte : me faire un peu de bien pendant quelques heures, et c’est déjà ça ! Bisous et sobriété ! Spiralex.
par spiralexphilo | 4 Jan 2022 | Prose
Dimanche 30 juillet 2000, appartement à Paris, collocation 2 mecs, une nana.
Une soirée entre potes se transforme en expérience… la première fois avec une femme…
Je sens toujours la fatigue, ce week-end ne m’a pas reposée. Il m’a en revanche fait vivre une expérience des plus intéressantes : l’amour entre femmes. Je ne pensais vraiment pas que j’aurais si rapidement l’occasion et l’envie, réunis, de faire l’amour avec mon amie… En fait, ça ne change rien. Je crois que j’ai pu le faire justement parce que je sais maintenant que je ne suis pas homosexuelle.
J’écris devant les autres. Ils me demandent ce que j’écris, pourquoi j’écris, veulent lire, me disent que ce n’est pas courant, ou que ceux qu’ils voient faire habituellement leur semble fous… Et moi j’ose peu parler. Je ne suis pas sûre de moi, je bafouille, je deviens agressive, je m’emporte… Peu importe, je continue… peut-être est-ce de l’exhibitionnisme, mais je m’en fous. Et puis j’aime écouter la conversation autour de moi en même temps, j’ai l’impression d’être invisible, ça me plaît.
Lundi 31 juillet 2000, gare de Lyon.
Je ne suis pas homo et j’ai donc vécu cette expérience pleinement : avec curiosité, avidité et sans gêne. La copine avec laquelle j’ai fait cette expérience m’avait dit que je pouvais, si je le souhaitais, avoir un rapport sexuel avec elle sans aller plus loin. J’avais peur qu’elle se sente utilisée, comme un objet. Je n’étais pas très chaude à cette idée, mais finalement, ça c’est très bien passé.
Le seul problème c’est que maintenant mon amie tient encore plus à moi qu’avant. J’ai peur qu’elle ne se fasse du mal : moi je sais que je ne tomberai pas amoureuse d’elle, je ne peux pas, j’aime trop les hommes et j’ai envie d’avoir des enfants, de fonder une famille. Je voulais voir ce que c’est, j’ai vu. Ça m’a plu d’ailleurs. Je pense que l’homosexualité peut permettre d’atteindre des sommets de plaisir physique : personne ne connait aussi bien un corps de femme que la femme elle-même, pareil pour l’homme.
Pourtant l’excitation n’est pas la même, en tout cas pour moi : un corps d’homme me fait vibrer, me donne envie d’être dans ses bras, de caresser sa peau, de sentir son sexe dans le mien. Un corps de femme me donne envie de regarder, d’apprécier l’esthétique et la plastique, de comparer, éventuellement de la voir nue, mais pas d’être dans ses bras.
par spiralexphilo | 4 Jan 2022 | Prose
Appartement à Paris, collocation 2 mecs une nana. Avortement choisi colère enceinte.
Play station. Réveil. Téléphone. Bricohe Nutella. Jus d’orange. Pétard. Play Station : j’ai le record du plus mauvais temps et de la plus belle cascade. Les rues de San Francisco, poursuivie par une cohorte de véhicules de police furieux, une petite voiture grise tente de leur échapper. Tant qu’on n’est pas resté 20 secondes sur le ring, on rejoue. J’ai réussi une fois un joli 38 secondes puis j’ai « ruiné la caisse », comme me le signifie gentiment l’écran de télévision. 7 secondes 16 centièmes : temps minimum à battre…
Comment élever un enfant? Quel est le bon équilibre entre donner des limites et limiter? Aimer et étouffer? Comment préparer un être humain à la vie, l’amour, la mort, la nourriture, la joie, la peur, … Trop penser, tu penses trop, tu te prends la tête. Regarde qui tu es! Tu aimes toucher, écouter, parler et câliner les gens que tu aimes, pourquoi ne ferais-tu pas la même chose avec ton bébé? Pour rien, aucune raison valable, simplement l’appréhension : est-ce que je saurais faire?
Une fois j’ai eu un chien. J’étais étudiante et le petit caniche nain ne comprenait pas mon langage, je me suis énervée, une fois, trop, à me faire peur… Une fois, en rentrant chez moi, il avait tout saccagé. En partant, je lui avais laissé la liberté de vaquer dans tout l’appartement. Je le laissais d’habitude enfermé dans la petite cuisine, sans fenêtre… Forcément, un moment de liberté, il en a profité! J’avais un grand bureau, deux tréteaux avec une planche noire. Dessus traînaient divers objets : feuilles, stylos, lunettes de vue, paquet de Nesquick, …
Tous ont eu la chance de voir d’extrêmement près les petites dents pointues, énergiques, du caniche nain : Pluto. Cet enfoiré était monté sur la chaise d’où il avait sauté sur le bureau. Je l’ai maudit. Je lui ai hurlé dessus et, finalement, je l’ai balancé contre un mur après lui avoir filé 4 ou 5 claques monstrueuses. J’ai eu peur. Il a fait un « kay!!! » suraigu et s’est remis sur ses pattes. Ce chien m’a mis, non, je me suis mises dans des rages folles contre Pluto, une vraie furie. Puis nous nous sommes séparés avec l’homme qui m’avait offert ce chien. Il a voulu reprendre tout ce qu’il m’avait offert et a failli l’oublier… le chien… je me suis permise de le lui rappeler…
Avortement choisi colère enceinte. Drôle d’association d’idées, n’est-ce pas? Pourtant c’est celui qui m’a offert le chien qui m’a aussi mise enceinte pour le première fois, juste avant de partir en stage en Espagne, à Barcelone. Nous avons fait l’amour dans les escaliers. Je ne me rappelle pas de tous mes rapports sexuels avec lui, mais celui-là, je m’en souviens… Passion et amour se mêlèrent dans cette étreinte que j’aurais du refuser : je savais que j’avais merdé dans la prise de la petite pilule journalière, celle qui autorise l’amour physique sans reproduction, la contraceptive… Je ne crois pas avoir joui car, à l’époque, j’ignorais ce que c’était, mais j’ai eu du plaisir, une sensation agréable avec ce pieu qui me pénétrait. Ça ne m’arrivait pas souvent que l’amour soit « agréable ».
Départ en Espagne, retard dans les menstruations… stage, dans l’entreprise de mon oncle, une petite filiale, des bureaux… Puis, après quelques semaines, je ressens soudain une douleur et je devais me plier en deux pour éviter d’avoir trop mal. Puis la douleur est partie… et est revenue, plus forte encore.
A l’hôpital de Barcelone il m’ont fait des analyses et la femme médecin, après avoir reçu les résultats, m’a demandé si je savais que j’étais enceinte… Grosse claque dans la gueule, puis retour à la réalité : appelle à mon copain du moment, à ma mère. Mon copain arrive à Barcelone, on fait l’amour chez la femme chez qui j’habitais et son fils se pointe et nous prend en flag… quand c’est la merde, c’est la merde : enceinte et grillé par le fils de celle qui m’héberge, tout va bien! Retour en France, ma mère ne me dit rien, on ne discute de rien, elle s’occupe de tout et bientôt je ne suis plus enceinte. Avortement choisi colère enceinte.
Avortement médical pour cause de grossesse extra-utérine, d’où la douleur, je crois, c’était il y a longtemps… J’avais 18 ans, avortement en tout cas… Pas la version pilule à la maison, la version hôpital, anesthésie générale, aspiration, réveil… la totale. Quand je pense que des abrutis s’imagine qu’une femme peut utiliser l’avortement par « confort », putain mais quel rigolade! C’est dur, ça fait mal au moral et ça perturbe durablement ce truc. Alors oui, c’est chouette que ça existe, mais ça n’est certainement pas facile.
par spiralexphilo | 4 Jan 2022 | Prose
Vendredi 28 juillet 2000, TGV Paris
Je suis fatiguée, cette journée a été dure, forte en émotions, je n’aime pas ce bruit de fond de cet enfant qui parle, je voudrais du calme, du silence. Mais je suis dans un train. Normal qu’il ne se passe pas uniquement ce dont j’ai envie.
De quoi ai-je envie? De me livrer sur mon présent. A force de raconter mon passé, je finis par oublier ma vie actuelle, oublier de voir qu’il me faut faire un choix : changer de travail. Mais est-ce vraiment le problème ce « travail »?
J’ai l’impression d’attirer et d’être attirée par trop de personnes différentes. Les années passent, les hommes avec, et chaque fois la douleur est plus forte. Chaque fois l’espoir était plus grand, chaque fois le cœur saigne un peu plus. J’ai besoin d’amour.
J’ai besoin de l’amour qui grandit, qui fait battre les cœurs un peu plus à chaque rencontre, à chaque découverte. Celui dont on ne se sépare plus car il est partagé. Un amour profond sincère, ni ravageur, ni esclavagiste. Ce sentiment merveilleux qui transforme les yeux aimés en refuge, en âtre bienfaitrice. Je rêve encore et toujours de perfection dans le sentiment amoureux.
Je suis seule dans le wagon, le TGV de 19h35 m’emmène vers la capitale, vers Claire et loin de Stéphane, encore un autre homme dans ma vie. L, L et F : les trois premiers. Maintenant que j’essaie de me rappeler les prénoms de tous, je vois que j’ai du mal : ces garçons avec lesquels j’ai flirté de 12 à 18 ans, je ne me les rappelle pas tous.
Le première fois que j’ai taillé une pipe à un mec, j’avais 15 ans. J’étais en 3ème, au collège, et j’étais dans une soirée… chez JC… Pendant quelques mois il avait été mon meilleur ami, nous passions de longs moments ensemble, à la récré ou à midi. Nous nous entendions bien. Puis, ce samedi-là, je suis passée chez lui et nous nous sommes embrassés. Je ne me rappelle pas de la sensation que m’a procuré sa langue dans ma bouche, mais je me rappelle que nous sommes allés dans la chambre de ses parents, un grand lit blanc. J’avais mes règles et la séance de tripotage manuel a vite pris fin lorsque je lui ai dit : « je ne mettrais pas ma main là, à ta place, si je n’avais pas envie de la voir ressortir toute rouge ». Le message était bien passé, le jeune homme s’est allongé sur moi et a commencé à bouger, à remuer, bref à se masturber avec mon corps.
J’étais passive, inerte, je regardais cet enchevêtrement de corps de dessus et je méprisais l’adolescent qui s’agitait sur moi : je me demandais comment il pouvait se mettre dans des états pareils, je trouvais cela ridicule, je me trouvais plus forte que lui. Plus tard, je suis partie.
Le soir même il me semble, soirée chez lui. Je le vois au cours de la soirée avec une autre fille, enlacés. J’ai mal et je m’assois. Sur ces entrefaites arrive l’étudiant vétérinaire, le cousin d’un des lascars de ma classe. On discute. Il doit partir. Il me dit : « tu sais, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder tes jambes ». Je lui réponds je ne sais quoi, mais je sais que je me suis sentie flattée : j’étais en jupe, même à l’époque, ça n’était pas si fréquent, j’étais contente que quelqu’un le remarque.
Il part, il me demande s’il doit revenir, ma réponse lui fait penser que cela me ferait plaisir, c’était vrai. Il est revenu et, je ne sais trop comment, nous nous sommes retrouvés dans les toilettes. Première porte, petit couloir, seconde porte.
D’abord, je me suis assise sur la cuvette, il était en face de moi. Il m’a enlevé mes collants, ma culotte, a mis sa tête entre mes cuisses et m’a fait jouir. J’étais contente : les garçons de mon âge prenaient rarement la peine de s’occuper de mon plaisir. Ensuite, debout devant moi, avec son sexe dépassant de sa braguette, il a pris ma main et ma demandé si j’avais déjà fait ça. Non, jamais.
Pendant qu’il me caressait, il avait été très doux avec moi, avec ses doigts et sa bouche, il avait réussi à me mettre suffisamment à l’aise pour que j’arrive à l’orgasme. J’étais sous le charme. Après la peur du moment où j’avais pris ses doigts pour son sexe qui me pénétrait, il m’avait tout de suite rassurée, il avait une vois douce. Il me faisait du bien.
Avec ma main, je commençais à le masturber, doucement, sensuellement, je voulais que cela soit agréable pour lui, même si je ne me sentais pas très à l’aise. Puis avec ses mains il a approché ma tête et ma bouche a rencontré son gland. Il me disait que mes mains étaient magiques, il me disait : « Oh! c’est tellement bon! » et moi je continuais. A un moment, la première porte, qui aurait du être fermée à clé, s’est ouverte : un « copain » de classe voit le spectacle. Il est mis dehors immédiatement, mais pas assez vite pour ne pas me reconnaître. La porte se ferme.
Une fois l’orgasme passé. Il me demande encore une fois si j’avais fait ça avant, il semblait impressionné par ma « technique », persuadé que j’avais de « l’expérience »… je ne l’ai jamais revu.
Lundi matin, au collège, le « copain » a accouru vers moi depuis l’autre bout de la cours et m’a mis une claque magistrale en me traitant de pute. Je suis restée tout le reste de la récré dans les chiottes. Je pleurais et pleurais et pleurais… de honte, de douleur, de fierté blessée. Mais il a bien fallu retourner en classe, devant tout le monde.
J’étais déléguée de classe en 3ème. Mon prof principal était celui de français, ma prof de physique… une fille pas aidée… Lors des classes en petits groupes, une quinzaine d’élèves, c’était toujours le boxon, systématiquement : discussions dans tous les coins et moi comme les autres, pas plus, pas moins. Régulièrement, elle collait une heure de colle à l’un ou l’autre des bavards, mais il fallait en général deux ou trois heures de colles « notées » pour être gratifié d’une véritable heure concrète, seule dans une pièce, avec un pion et parfois un autre compagnon de galère.
Un jour, ce fut moi la bavarde de trop. Je rejoins la longue liste des punis virtuels.
Un peu plus tard, le conseil de classe. Moi, toujours aussi diplomatique, mentionne, lors de cette réunion, devant tous les profs, le fait que les cours de physique ne se déroulent pas vraiment en tout sérénité. Conséquence? Mon heure de colle virtuelle se transforme en sanction immédiate : madame a estimé que puisque je n’étais pas indulgente avec elle et ses cours, elle n’avait pas à l’être avec moi. Je suis allée voir mon prof principal, je lui ai dit que je démissionnais : à quoi me sers d’être déléguée de classe si je ne peux pas dire la vérité sur les cours? Il m’a expliqué que, parfois, les choses ne sont pas toujours simples, en gros, qu’il faut savoir ouvrir sa gueule gentiment et que, même si on a raison, il me restait à apprendre la forme. Il m’a convaincue, je suis restée.
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