par spiralexphilo | 4 Jan 2022 | Prose
Dimanche 30 juillet 2000, appartement à Paris, collocation 2 mecs, une nana.
Une soirée entre potes se transforme en expérience… la première fois avec une femme…
Je sens toujours la fatigue, ce week-end ne m’a pas reposée. Il m’a en revanche fait vivre une expérience des plus intéressantes : l’amour entre femmes. Je ne pensais vraiment pas que j’aurais si rapidement l’occasion et l’envie, réunis, de faire l’amour avec mon amie… En fait, ça ne change rien. Je crois que j’ai pu le faire justement parce que je sais maintenant que je ne suis pas homosexuelle.
J’écris devant les autres. Ils me demandent ce que j’écris, pourquoi j’écris, veulent lire, me disent que ce n’est pas courant, ou que ceux qu’ils voient faire habituellement leur semble fous… Et moi j’ose peu parler. Je ne suis pas sûre de moi, je bafouille, je deviens agressive, je m’emporte… Peu importe, je continue… peut-être est-ce de l’exhibitionnisme, mais je m’en fous. Et puis j’aime écouter la conversation autour de moi en même temps, j’ai l’impression d’être invisible, ça me plaît.
Lundi 31 juillet 2000, gare de Lyon.
Je ne suis pas homo et j’ai donc vécu cette expérience pleinement : avec curiosité, avidité et sans gêne. La copine avec laquelle j’ai fait cette expérience m’avait dit que je pouvais, si je le souhaitais, avoir un rapport sexuel avec elle sans aller plus loin. J’avais peur qu’elle se sente utilisée, comme un objet. Je n’étais pas très chaude à cette idée, mais finalement, ça c’est très bien passé.
Le seul problème c’est que maintenant mon amie tient encore plus à moi qu’avant. J’ai peur qu’elle ne se fasse du mal : moi je sais que je ne tomberai pas amoureuse d’elle, je ne peux pas, j’aime trop les hommes et j’ai envie d’avoir des enfants, de fonder une famille. Je voulais voir ce que c’est, j’ai vu. Ça m’a plu d’ailleurs. Je pense que l’homosexualité peut permettre d’atteindre des sommets de plaisir physique : personne ne connait aussi bien un corps de femme que la femme elle-même, pareil pour l’homme.
Pourtant l’excitation n’est pas la même, en tout cas pour moi : un corps d’homme me fait vibrer, me donne envie d’être dans ses bras, de caresser sa peau, de sentir son sexe dans le mien. Un corps de femme me donne envie de regarder, d’apprécier l’esthétique et la plastique, de comparer, éventuellement de la voir nue, mais pas d’être dans ses bras.
par spiralexphilo | 4 Jan 2022 | Prose
Vendredi 28 juillet 2000, TGV Paris
Je suis fatiguée, cette journée a été dure, forte en émotions, je n’aime pas ce bruit de fond de cet enfant qui parle, je voudrais du calme, du silence. Mais je suis dans un train. Normal qu’il ne se passe pas uniquement ce dont j’ai envie.
De quoi ai-je envie? De me livrer sur mon présent. A force de raconter mon passé, je finis par oublier ma vie actuelle, oublier de voir qu’il me faut faire un choix : changer de travail. Mais est-ce vraiment le problème ce « travail »?
J’ai l’impression d’attirer et d’être attirée par trop de personnes différentes. Les années passent, les hommes avec, et chaque fois la douleur est plus forte. Chaque fois l’espoir était plus grand, chaque fois le cœur saigne un peu plus. J’ai besoin d’amour.
J’ai besoin de l’amour qui grandit, qui fait battre les cœurs un peu plus à chaque rencontre, à chaque découverte. Celui dont on ne se sépare plus car il est partagé. Un amour profond sincère, ni ravageur, ni esclavagiste. Ce sentiment merveilleux qui transforme les yeux aimés en refuge, en âtre bienfaitrice. Je rêve encore et toujours de perfection dans le sentiment amoureux.
Je suis seule dans le wagon, le TGV de 19h35 m’emmène vers la capitale, vers Claire et loin de Stéphane, encore un autre homme dans ma vie. L, L et F : les trois premiers. Maintenant que j’essaie de me rappeler les prénoms de tous, je vois que j’ai du mal : ces garçons avec lesquels j’ai flirté de 12 à 18 ans, je ne me les rappelle pas tous.
Le première fois que j’ai taillé une pipe à un mec, j’avais 15 ans. J’étais en 3ème, au collège, et j’étais dans une soirée… chez JC… Pendant quelques mois il avait été mon meilleur ami, nous passions de longs moments ensemble, à la récré ou à midi. Nous nous entendions bien. Puis, ce samedi-là, je suis passée chez lui et nous nous sommes embrassés. Je ne me rappelle pas de la sensation que m’a procuré sa langue dans ma bouche, mais je me rappelle que nous sommes allés dans la chambre de ses parents, un grand lit blanc. J’avais mes règles et la séance de tripotage manuel a vite pris fin lorsque je lui ai dit : « je ne mettrais pas ma main là, à ta place, si je n’avais pas envie de la voir ressortir toute rouge ». Le message était bien passé, le jeune homme s’est allongé sur moi et a commencé à bouger, à remuer, bref à se masturber avec mon corps.
J’étais passive, inerte, je regardais cet enchevêtrement de corps de dessus et je méprisais l’adolescent qui s’agitait sur moi : je me demandais comment il pouvait se mettre dans des états pareils, je trouvais cela ridicule, je me trouvais plus forte que lui. Plus tard, je suis partie.
Le soir même il me semble, soirée chez lui. Je le vois au cours de la soirée avec une autre fille, enlacés. J’ai mal et je m’assois. Sur ces entrefaites arrive l’étudiant vétérinaire, le cousin d’un des lascars de ma classe. On discute. Il doit partir. Il me dit : « tu sais, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder tes jambes ». Je lui réponds je ne sais quoi, mais je sais que je me suis sentie flattée : j’étais en jupe, même à l’époque, ça n’était pas si fréquent, j’étais contente que quelqu’un le remarque.
Il part, il me demande s’il doit revenir, ma réponse lui fait penser que cela me ferait plaisir, c’était vrai. Il est revenu et, je ne sais trop comment, nous nous sommes retrouvés dans les toilettes. Première porte, petit couloir, seconde porte.
D’abord, je me suis assise sur la cuvette, il était en face de moi. Il m’a enlevé mes collants, ma culotte, a mis sa tête entre mes cuisses et m’a fait jouir. J’étais contente : les garçons de mon âge prenaient rarement la peine de s’occuper de mon plaisir. Ensuite, debout devant moi, avec son sexe dépassant de sa braguette, il a pris ma main et ma demandé si j’avais déjà fait ça. Non, jamais.
Pendant qu’il me caressait, il avait été très doux avec moi, avec ses doigts et sa bouche, il avait réussi à me mettre suffisamment à l’aise pour que j’arrive à l’orgasme. J’étais sous le charme. Après la peur du moment où j’avais pris ses doigts pour son sexe qui me pénétrait, il m’avait tout de suite rassurée, il avait une vois douce. Il me faisait du bien.
Avec ma main, je commençais à le masturber, doucement, sensuellement, je voulais que cela soit agréable pour lui, même si je ne me sentais pas très à l’aise. Puis avec ses mains il a approché ma tête et ma bouche a rencontré son gland. Il me disait que mes mains étaient magiques, il me disait : « Oh! c’est tellement bon! » et moi je continuais. A un moment, la première porte, qui aurait du être fermée à clé, s’est ouverte : un « copain » de classe voit le spectacle. Il est mis dehors immédiatement, mais pas assez vite pour ne pas me reconnaître. La porte se ferme.
Une fois l’orgasme passé. Il me demande encore une fois si j’avais fait ça avant, il semblait impressionné par ma « technique », persuadé que j’avais de « l’expérience »… je ne l’ai jamais revu.
Lundi matin, au collège, le « copain » a accouru vers moi depuis l’autre bout de la cours et m’a mis une claque magistrale en me traitant de pute. Je suis restée tout le reste de la récré dans les chiottes. Je pleurais et pleurais et pleurais… de honte, de douleur, de fierté blessée. Mais il a bien fallu retourner en classe, devant tout le monde.
J’étais déléguée de classe en 3ème. Mon prof principal était celui de français, ma prof de physique… une fille pas aidée… Lors des classes en petits groupes, une quinzaine d’élèves, c’était toujours le boxon, systématiquement : discussions dans tous les coins et moi comme les autres, pas plus, pas moins. Régulièrement, elle collait une heure de colle à l’un ou l’autre des bavards, mais il fallait en général deux ou trois heures de colles « notées » pour être gratifié d’une véritable heure concrète, seule dans une pièce, avec un pion et parfois un autre compagnon de galère.
Un jour, ce fut moi la bavarde de trop. Je rejoins la longue liste des punis virtuels.
Un peu plus tard, le conseil de classe. Moi, toujours aussi diplomatique, mentionne, lors de cette réunion, devant tous les profs, le fait que les cours de physique ne se déroulent pas vraiment en tout sérénité. Conséquence? Mon heure de colle virtuelle se transforme en sanction immédiate : madame a estimé que puisque je n’étais pas indulgente avec elle et ses cours, elle n’avait pas à l’être avec moi. Je suis allée voir mon prof principal, je lui ai dit que je démissionnais : à quoi me sers d’être déléguée de classe si je ne peux pas dire la vérité sur les cours? Il m’a expliqué que, parfois, les choses ne sont pas toujours simples, en gros, qu’il faut savoir ouvrir sa gueule gentiment et que, même si on a raison, il me restait à apprendre la forme. Il m’a convaincue, je suis restée.
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