par spiralexphilo | 4 Jan 2022 | Prose
Vendredi 28 juillet 2000, TGV Paris
Je suis fatiguée, cette journée a été dure, forte en émotions, je n’aime pas ce bruit de fond de cet enfant qui parle, je voudrais du calme, du silence. Mais je suis dans un train. Normal qu’il ne se passe pas uniquement ce dont j’ai envie.
De quoi ai-je envie? De me livrer sur mon présent. A force de raconter mon passé, je finis par oublier ma vie actuelle, oublier de voir qu’il me faut faire un choix : changer de travail. Mais est-ce vraiment le problème ce « travail »?
J’ai l’impression d’attirer et d’être attirée par trop de personnes différentes. Les années passent, les hommes avec, et chaque fois la douleur est plus forte. Chaque fois l’espoir était plus grand, chaque fois le cœur saigne un peu plus. J’ai besoin d’amour.
J’ai besoin de l’amour qui grandit, qui fait battre les cœurs un peu plus à chaque rencontre, à chaque découverte. Celui dont on ne se sépare plus car il est partagé. Un amour profond sincère, ni ravageur, ni esclavagiste. Ce sentiment merveilleux qui transforme les yeux aimés en refuge, en âtre bienfaitrice. Je rêve encore et toujours de perfection dans le sentiment amoureux.
Je suis seule dans le wagon, le TGV de 19h35 m’emmène vers la capitale, vers Claire et loin de Stéphane, encore un autre homme dans ma vie. L, L et F : les trois premiers. Maintenant que j’essaie de me rappeler les prénoms de tous, je vois que j’ai du mal : ces garçons avec lesquels j’ai flirté de 12 à 18 ans, je ne me les rappelle pas tous.
Le première fois que j’ai taillé une pipe à un mec, j’avais 15 ans. J’étais en 3ème, au collège, et j’étais dans une soirée… chez JC… Pendant quelques mois il avait été mon meilleur ami, nous passions de longs moments ensemble, à la récré ou à midi. Nous nous entendions bien. Puis, ce samedi-là, je suis passée chez lui et nous nous sommes embrassés. Je ne me rappelle pas de la sensation que m’a procuré sa langue dans ma bouche, mais je me rappelle que nous sommes allés dans la chambre de ses parents, un grand lit blanc. J’avais mes règles et la séance de tripotage manuel a vite pris fin lorsque je lui ai dit : « je ne mettrais pas ma main là, à ta place, si je n’avais pas envie de la voir ressortir toute rouge ». Le message était bien passé, le jeune homme s’est allongé sur moi et a commencé à bouger, à remuer, bref à se masturber avec mon corps.
J’étais passive, inerte, je regardais cet enchevêtrement de corps de dessus et je méprisais l’adolescent qui s’agitait sur moi : je me demandais comment il pouvait se mettre dans des états pareils, je trouvais cela ridicule, je me trouvais plus forte que lui. Plus tard, je suis partie.
Le soir même il me semble, soirée chez lui. Je le vois au cours de la soirée avec une autre fille, enlacés. J’ai mal et je m’assois. Sur ces entrefaites arrive l’étudiant vétérinaire, le cousin d’un des lascars de ma classe. On discute. Il doit partir. Il me dit : « tu sais, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder tes jambes ». Je lui réponds je ne sais quoi, mais je sais que je me suis sentie flattée : j’étais en jupe, même à l’époque, ça n’était pas si fréquent, j’étais contente que quelqu’un le remarque.
Il part, il me demande s’il doit revenir, ma réponse lui fait penser que cela me ferait plaisir, c’était vrai. Il est revenu et, je ne sais trop comment, nous nous sommes retrouvés dans les toilettes. Première porte, petit couloir, seconde porte.
D’abord, je me suis assise sur la cuvette, il était en face de moi. Il m’a enlevé mes collants, ma culotte, a mis sa tête entre mes cuisses et m’a fait jouir. J’étais contente : les garçons de mon âge prenaient rarement la peine de s’occuper de mon plaisir. Ensuite, debout devant moi, avec son sexe dépassant de sa braguette, il a pris ma main et ma demandé si j’avais déjà fait ça. Non, jamais.
Pendant qu’il me caressait, il avait été très doux avec moi, avec ses doigts et sa bouche, il avait réussi à me mettre suffisamment à l’aise pour que j’arrive à l’orgasme. J’étais sous le charme. Après la peur du moment où j’avais pris ses doigts pour son sexe qui me pénétrait, il m’avait tout de suite rassurée, il avait une vois douce. Il me faisait du bien.
Avec ma main, je commençais à le masturber, doucement, sensuellement, je voulais que cela soit agréable pour lui, même si je ne me sentais pas très à l’aise. Puis avec ses mains il a approché ma tête et ma bouche a rencontré son gland. Il me disait que mes mains étaient magiques, il me disait : « Oh! c’est tellement bon! » et moi je continuais. A un moment, la première porte, qui aurait du être fermée à clé, s’est ouverte : un « copain » de classe voit le spectacle. Il est mis dehors immédiatement, mais pas assez vite pour ne pas me reconnaître. La porte se ferme.
Une fois l’orgasme passé. Il me demande encore une fois si j’avais fait ça avant, il semblait impressionné par ma « technique », persuadé que j’avais de « l’expérience »… je ne l’ai jamais revu.
Lundi matin, au collège, le « copain » a accouru vers moi depuis l’autre bout de la cours et m’a mis une claque magistrale en me traitant de pute. Je suis restée tout le reste de la récré dans les chiottes. Je pleurais et pleurais et pleurais… de honte, de douleur, de fierté blessée. Mais il a bien fallu retourner en classe, devant tout le monde.
J’étais déléguée de classe en 3ème. Mon prof principal était celui de français, ma prof de physique… une fille pas aidée… Lors des classes en petits groupes, une quinzaine d’élèves, c’était toujours le boxon, systématiquement : discussions dans tous les coins et moi comme les autres, pas plus, pas moins. Régulièrement, elle collait une heure de colle à l’un ou l’autre des bavards, mais il fallait en général deux ou trois heures de colles « notées » pour être gratifié d’une véritable heure concrète, seule dans une pièce, avec un pion et parfois un autre compagnon de galère.
Un jour, ce fut moi la bavarde de trop. Je rejoins la longue liste des punis virtuels.
Un peu plus tard, le conseil de classe. Moi, toujours aussi diplomatique, mentionne, lors de cette réunion, devant tous les profs, le fait que les cours de physique ne se déroulent pas vraiment en tout sérénité. Conséquence? Mon heure de colle virtuelle se transforme en sanction immédiate : madame a estimé que puisque je n’étais pas indulgente avec elle et ses cours, elle n’avait pas à l’être avec moi. Je suis allée voir mon prof principal, je lui ai dit que je démissionnais : à quoi me sers d’être déléguée de classe si je ne peux pas dire la vérité sur les cours? Il m’a expliqué que, parfois, les choses ne sont pas toujours simples, en gros, qu’il faut savoir ouvrir sa gueule gentiment et que, même si on a raison, il me restait à apprendre la forme. Il m’a convaincue, je suis restée.
par spiralexphilo | 6 Avr 2021 | Poèmes perso
En se réveillant ce matin-là sa poitrine lui donne le la.
Aujourd'hui tu iras mal, c'est un jour sans, un jour moins.
Elle sait qu'aujourd'hui il sera, plus qu'à l'accoutumée, difficile de respirer.
Voir chaque jour dans la rue, sur les murs, le monde qui l'entoure, c'est dur.
Elle aimerait pouvoir, comme certains autres, rester optimiste, garder espoir,
Mais la pollution de l'air, des eaux, des gens lui donne envie de pleurer, souvent.
Dans ses jours moins elle est toute seule, elle ne veut pas ennuyer les gens,
Elle reste là à réfléchir, à laisser les idées noires danser et grandir.
Les jours moins sont souvent durs, pessimistes, éprouvants,
Les jours moins c'est pas si sûr, réaliste, dérangeant.
La solitude elle connait bien, elle s'en nourrit, en a besoin.
Avec les gens pour écouter, pour comprendre, discuter, il faut beaucoup se concentrer.
Avec elle-même c'est plus facile, dans son cerveau les idées filent !
Elles s'enchainent, déferlent, ricochent, l'une puis l'autre toujours plus proches.
Mais sa chère solitude parfois lui pèse, elle aimerait que quelqu'un lui plaise
Un homme à elle, comme elles ont toutes, celles qui savent être des chouchoutes.
Pour elle c'est dur le couple rêvé, elle a essayé, elle a échoué.
Ces amis lui disent que pour l'instant elle n'a pas trouvé son prince charmant.
Les jours moins sont souvent durs, pessimistes, éprouvants,
Les jours moins c'est pas si sûr, réaliste, dérangeant.
C'est vrai, petite, elle en rêvait du type idéal, du sauveur sur son cheval,
Aujourd'hui, bien sûr, c'est différent, elle a grandi, est allée de l'avant.
Elle se regarde en face, elle est consciente de ce qu'elle voit dans la glace :
Une femme trop homme, une fille entière, pas assez conne.
Elle voudrait bien faire comme tout le monde, se mettre en couple et dans cette ronde
Trouver une sorte d'équilibre, arriver à se sentir libre.
C'est plus fort qu'elle il faut qu'elle parte dès qu'elle se sent mise dans un boîte
Elle ne respire plus et devient teigne quand la colère commence son règne.
Les jours moins sont souvent durs, pessimistes, éprouvants,
Les jours moins c'est pas si sûr, réaliste, dérangeant.
Alors elle passe pour la méchante, c'est elle qui crie, c'est elle qui jette
ça lui fait mal mais l'habitude fait mieux glisser ce moment rude.
A nouveau face à elle-même, elle reprend tout, où ça la mène ?
A la seule conclusion possible : le couple pour elle c'est impossible.
Elle dit fièrement que dans la vie on n'est pas doué à l'infini.
Elle sait maman, elle sait amie, elle sait amante mais pas mari.
Le quotidien, tous ces rituels, elle n'y arrive pas c'est trop pour elle !
Une fois la routine installée, finie la conquête, bonjour la stabilité...
Les jours moins sont souvent durs, pessimistes, éprouvants,
Les jours moins c'est pas si sûr, réaliste, dérangeant.
Elle le voit que les autres en rêvent, la stabilité, l'impression d'une trêve.
Seulement pour elle se sentir acquise c'est pire que vivre sur la banquise !
Elle a besoin pour être bien que chaque jour quand il revient
Il la surprenne, la redécouvre pour qu'à nouveau ses bras s'ouvrent.
Dans ses rêves elle a le droit d'être différente et aimée pour ça.
Elle a quelqu'un qui voit en elle la force, l'intelligence et la tendresse.
Elle pleure un peu, c'est un jour moins, elle ira mieux demain matin.
A nouveau seule et presque bien elle sera libre et c'est pas rien !
Les jours sans c'est pas facile mais grâce à eux les jours d'après sont d'autant mieux !
par spiralexphilo | 17 Jan 2021 | Poèmes perso
J’ai comme un trou dans ma poitrine,
ça m’fait du mal de voir ces os,
Je voudrais être une héroïne
Et secourir tous ces pauvres gosses.
J’ai comme une boule dans la gorge,
ça m’fait du mal de voir ces bosses,
Je voudrais pouvoir l’prendre à la gorge
Casser la gueule à ce molosse.
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
Je sens la rage dans mes p’tits poings
J’voudrais crier ‘fuck le système !’
Mais je suis faible et je n’fais rien
Que vivre sans trop de honte de moi-même.
Moi je n’suis rien qu’un être humain,
J’sais pas voler, j’ai pas d’pouvoir,
Seulement celui, grâce à mes mains,
De faire tranquille mon bout d’histoire.
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
J’ai mal pour toi qui meurt de faim,
J’ai mal pour toi qui meurt avant
Avant d’avoir pu vivre un demain
Qui t’aurais plu et fait du bien.
Je vous aime tous mes frères humains,
J’vous veux du bien tous les vivants,
Insectes, plantes et même les chiens
Chacun son rôle dans le vivant.
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
Vive la nature, vive le progrès,
Vive le respect, la bienveillance,
En réduisant les inégalités
Il fera meilleur vivre en France.
Progrès du bonheur, de la biodiversité,
Avancer en valeurs, en réciprocité
Je sais facile à dire, mais est-ce facile à vivre ?
Pour le savoir, faudrait essayer au lieu de survivre…
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
Essayer quoi ? La paix pour commencer !
Paix dans nos cœur, nos pays, nos continents,
Arrêter d’engraisser les faiseurs d’anxiété
Ruiner les rois de l’armement.
Je crois en Dieu et pas toi, et alors ?
Qui a raison, qui à tort ?
Mais on s’en fout, pas d’importance !
Seul le respect, notre seule chance !
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
Je mange pas d’porc, bois pas d’alcool,
Toi tu prie pas et tu picoles,
Et c’est pour ça qu’on s’entretue ?
On est trop bêtes, trop tordus !
Moi j’ai une bite, toi t’en n’a pas ?
ça me donne des droits sur toi ?
Ben non en fait pas plus que toi
Tu n’as le droit de m’faire papa.
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
Tous différents, tous inégaux,
il y a les grands, les forts, les beaux,
il y a les autres, la majorité,
des gens normaux, zéro popularité !
Notre seul point commun,
nous les humains de cette planète :
vouloir être aimer, aimer quelqu’un
c’est tout, c’est clair, c’est net !
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
Quelque soit son sexe, sa couleur de peau,
Malgré l’argent, le sang, la guerre,
On veut avoir quelqu’un dans la peau,
Notre part d’amour sur cette terre.
On veut souffrir, on veut saigner
mais seulement du cœur, pas pour de vrai !
On veut se battre, tout abandonner
mais pour l’amour, seulement, le vrai !
Amour et tristesse pour toi, pour moi, pour eux,
Amour et tristesse quand j’en prends plein les yeux.
On vit vieux maintenant alors avec un peu de chance,
cet amour-là plusieurs fois croisera notre chemin
et grâce à ça, toute cette tristesse, notre existence
sera moins dure à supporter, moins de chagrin.
Amour et richesse pour toi, pour moi, pour eux,
richesse du cœur, la seule valable à mes yeux.
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